A ma grande surprise, le type ce mit à rire avec un air détendu tout en secouant la tête avant de vriller une nouvelle fois son regard hypnotisant au mien. J’imagine qu’en ces circonstances, j’aurais dû fuir en courant mais pour une raison que je ne m’expliquais pas, ce gars m’était sympathique. Vraiment et ça, même dans ce décor de film d’horreur et avec sa bougie. Son regard brillait d’amusement face à ma réaction et de douceur. Alors que en toute logique il aurait dû m’inquiéter, il m’inspirait confiance.
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Excusez-moi, je crois que je fatigue moi aussi. Je suis Johannes Turunen, le propriétaire des lieux. Je suis aussi en quelques sortes l’homme à tout faire. Réparateur, jardinier, cuisinier, homme de ménage, aide-soignant et nounou, le tout garantis 10 ans. Votre sœur est en quelque sorte ma locataire.Et ben voila autre chose. Sur ce coup-là, je devais avouer que j’en tombais des nues. Je tentais d’emmagasiner toutes les informations que j’avais reçues en l’espace de quelques minutes tout en suivant cette fois-ci Johannes dans ce qui semblait être un immense salon éclairé de bougies et d’un feu de cheminée. Je savais ma sœur accro à l’éclairage aux bougies mais tout de même. Johannes dû probablement lire mon étonnement sur mon visage car, une nouvelle fois, son rire doux et chaud se fit entendre.
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Je suis bricoleur mais pas encore électricien. La génératrice a lâchée cet après-midi. On doit venir la réparer demain matin. Voila toute la raison à cette mystérieuse ambiance romantique. Mais je vous en prie installez-vous seulement. Je vous proposerais bien quelque chose de chaud à boire mais sans courant…A ma propre surprise, j’eue un petit rire en l’écoutant et, un peu plus à l’aise, je me laissa tomber sur l’un des fauteuils d’époque mais confortable. Tout semblait vieillot dans cette maison. J’étais sûr que même moi, du haut de mes 26 ans, je devais y avoir l’air vieillotte. Johannes, lui, ne me quitta pas des yeux. Visiblement, si moi j’ignorais tout de la vie de ma sœur depuis ces 8 dernières années, lui, il savait en tout cas qu’elle avait une jumelle.
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Je peux savoir ce qui vous emmène ici à une heure aussi tardive ? Il est 23 heures passées vous savez ?Il n’y avait aucune contrariété dans sa voix, juste de la curiosité et de l’amusement. De toutes évidences, il n’était pas du genre à s’offusquer de voir quelqu’un débarquer à pas d’heure. Il était vrai que j’aurais tout aussi bien pu passer cette nuit à l’hôtel mais le besoin de revoir Isa c’était fait de plus en plus pressant durant le voyage. Si bien que j’étais venue directement depuis la gare, n’hésitant pas à affronter les 3 heures de routes nécessaires.
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Je dois parler à ma sœur. Il y a eu un accident… Nos parents sont morts il y a 1 mois et je sais même pas si elle est au courant ou pas. Voila ce qui m’emmenais ici à une heure aussi tardive mais ça, je ne pouvais pas le dire de cette manière à un parfait inconnu. Isa méritait au moins que je lui en parle la première.
Johannes ne me quittait pas du regard. Si seulement il pouvait ne pas me détailler de la sorte. Je ne suis pas du genre froussarde mais les lieux me mettaient mal à l’aise. C’était tellement silencieux. Nos deux voix semblaient se répercuter sur chaque murs de la maison avait de disparaître à jamais dans la noirceur de la nuit.
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Je vois. Je vais vous conduire à une des chambres d’amis. Vous pourrez voir Isa et votre nièce demain.Alors qu’Johannes se relevait avec une grâce toute masculine, je restais sur le canapé, sous le choc de ce qu’il venait de me dire.
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Ma… Ma nièce… ?Quelle nièce ? Cela sous entendait qu’Isaline avait un enfant. Une enfant dont j’ignorais jusqu’à l’existence !
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Jade bien sûr, me répondit-il avec un air réellement surprit. Vous ne saviez pas que votre sœur avait eue une fille ?-
A votre avis ?, rétorquais-je du tac au tac.
Ai-je vraiment l’air d’être au courant ?Il m’observa un moment à la lueur de la bougie, les sourcils légèrement froncé, comme s’il se concentrait pour tenter de lire dans mes pensées si ce que je disais était vrai ou pas. Mon expression stupéfaite dû le convaincre car après quelques secondes, il eut un nouveau doux sourire.
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Excusez-moi. Je pensais qu’Isaline vous avait mise au courant. Jade à 5 ans. C’est une vraie petite tornade attendrissante vous verrez.
Sur ces mots, il prit ma valise et retourna dans le hall afin de prendre le grand escalier dont chacune des marches se mit à grincer. Je le suivis mécaniquement sans vraiment prêter attention au couloir sinistre du 1er étage, ni aux très nombreuses portes. Mon esprit restait littéralement coincé sur un prénom sans visage : Jade.
Mar 27 Juil - 21:44 Samantha Bayron